#Tellement

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edito 15.06.2019

Entrée en scène

Rouquiniol

A priori pas beaucoup de monde par rapport aux foules attendues. Des silhouettes en mouvement, activité permanente et silencieuse sur fond de sound check.


Depuis plusieurs années, t’affectionnes particulièrement ces petits instants où l’on attend que les événements prennent place. Ça bouge, ça vient et ça s’en va un peu partout, douce frénésie organisée entre les scènes et les stands de bouffe.

Un groupe de sécu qui s’affaire dans la lumière jaune d’un soleil tardant à aller se coucher, c’est un peu poétique. La serveuse d’un stand de chips à la couleur orange prononcée, moulée dans son shorty et débardeur assortis, c’est tellement touchant. Patti chantant Because the night pendant que je croque dans un cheeseburger, c’est un peu joli aussi au fond.

Les souvenirs du gig de Ben Harper de la veille. Le regrettable brouhaha de la foule, l’inattention aujourd’hui standardisée sur des accords issus de champs de coton il y a longtemps désormais. Dans la poussière ocre soulevée par le vent, tu te souviens de lui avec sa gratte sur les cuisses. Les applaudissements du public, tu pensais à un truc mais t’as déjà oublié.

T’anticipes le dimanche après-midi dans ta tête. P’tites oreillettes connectées, Only Jah know et mise en orbite instantanée. Se laisser éblouir par l’astre, lui sourire, puis se diriger vers le lac. S’asseoir sur les galets au bord de l’eau. Regarder les vagues, s’immerger mentalement, laisser l’esprit nager là-dedans, un peu au fond et partout ailleurs. Tu as vu le goéland se poser sur le radeau, et tu feins de l’ignorer. Parce que c’est toi en fait le goéland. T’observes la scène depuis ton nichoir improvisé, toute cette humanité transpirant pas toujours que des bonnes choses malheureusement. Tu n’y penses même pas, l’instinct te fait déployer tes ailes pour t’envoler vers d’autres aventures. Et on espère qu’elles seront chouettes.

 

Illustration : Eva Meister


Rouquiniol